L’hôpital des enfants

L’hôpital de Forges-les-Bains ouvre ses portes le 15 octobre 1859.

Par arrêté du 8 avril 1854 n° 12394 de l’administration de l’Assistance publique, il est décidé d’envoyer à Forges 40 enfants scrofuleux, à savoir 12 garçons et 28 filles désignées par les médecins de l’Hôpital des enfants malades. A cet effet, il est loué, au prix total de 1350F pour l’année, 2 maisons appartenant l’une à Mme Moreau et l’autre à Mme Geoffroy et un établissement de bains, propriété de Mme Vuitel.

La direction du service est confiée aux sœurs de la Congrégation de Saint Thomas de Villeneuve qui servent à l’Hôpital des enfants malades. Le personnel est composé de 2 religieuses et 2 infirmières, 1 baigneuse et un homme de peine pour l’entretien de la pompe, une sœur et une fille de service pour la cuisine soit huit personnes.
Le docteur Kozlowski, médecin à Forges, à qui est allouée une indemnité de 1OO F / par mois, pendant six mois, est chargé de suivre les enfants.

Les frais relatifs au transport des enfants, du personnel et du matériel nécessaire à l’installation du service sont évalués à six cents francs. soit une dépense totale de 2550F pour l’envoi de 40 enfants. Pour éviter des dépenses supplémentaires pour l’Hôpital de la rue de Sèvres, 40 lits seront laissés vacants pendant les six mois d’hospitalisation du séjour à Forges. Ce sont finalement 16 garçons et 30 filles qui se rendent dans le village, accompagné de 3 religieuses, 4 infirmières et 1 homme de peine.

Tous les trimestres , le docteur Kozlowski adresse à Paris ses observations qui sont contrôlées par le docteur Gillette.
L’essai est renouvelé en 1855 et 1856 et suite aux résultats obtenus, l’A.P. demande l’autorisation de créer un hôpital à Forges.

L’autorisation est accordée. Un terrain est acheté à l’une des extrémités du village, loin de toute habitation. Commencé le 25 mai 1858, les constructions sont terminées au printemps 1859 et l’hôpital ouvre ses portes le 15 octobre 1859. L’hôpital de 112 lits, dont 12 prévus pour des malades payants, comprend 3 bâtiments de 3 étages disposés en H.
Le bâtiment central, branche du H, est affecté aux services généraux : direction, réfectoire des infirmières et infirmiers, petits magasins, communauté et dépendances, écoles des filles et des garçons, pharmacie plusieurs chambres à l’usage d’une religieuse, d’une sous-employé et d’une infirmière.
A chaque étage, couloir central, cabinets d’aisance et un escalier aux deux extrémités . Les autres bâtiments consacrés l’un aux garçons, l’autre aux filles, comprennent un réfectoire, une infirmerie de 12 lits, un réfectoire pour les enfants soignés à l’infirmerie, 1 chambre pour 4 infirmières et 1 dortoir de 22 lits.
Le service des bains est situé à 200 m de l’hôpital. Il comprend 2 salles de bains de 12 baignoires de chaque côté d’un couloir aboutissant à une buanderie où se trouvent 2 cuves pour la lessive, 2 bassins en pierre pour laver le linge en hiver et une salle de repassage.
A côté de la buanderie, un lavoir couvert et une pièce d’eau longue de 18 à 20 m de long et large de 5 m, alimenté par des sources intérieures. Non loin, se trouve la piscine avec un hangar pour abriter les enfants. Il n’y a pas de maître de natation. Les eaux de la pièce d’eau et de la piscine se déversent dans le Petit Muce qui se jette dans la Prédecelle, affluent de La Rémarde. L’eau qui sert de boisson et pour les lavages en tous genres est fournie par un puits.
Une chapelle construite en 1862, consacrée le 18 octobre, sert pour les religieuses, allant chaque dimanche à la messe à l’église du village.

En 1876, une cuisine avec une petite salle servant de boucherie, est construite derrière l’hôpital.

En 1880, son agrandissement est demandé à l’administration générale de l’A.P.
En effet, le rapport Bourneville met l’accent sur les problèmes des locaux existants : installations défectueuses, cabinets d’aisance dont les portes ne ferment pas hermétiquement et n’ont pas d’eau, ce qui fait que le nettoyage s’effectue plus ou moins souvent avec de l’eau que l’on va chercher aux puits dans la cour et ils dégagent une odeur infecte.
Ni les dortoirs, ni les infirmeries ne sont pourvus de lavabos. Les enfants sont lavés au seau dans les préaux. Il n’y a pas de “salle des morts” ni de salle d’autopsie et il manque des appareils hydrothérapiques.

Le fait de loger des enfants atteints de maladies chroniques, d’affections, de tumeurs blanches qui les obligent à se servir de béquilles et leur rendent pénible l’ascension des escaliers au 2e ou 3e étage, est tout à fait critiquable.

Le projet d’agrandissement est approuvé.
Deux pavillons, isolés, pour filles et garçons sont construits en arrière et de chaque côté des anciens bâtiments dans l’espace constitué entre la chapelle et la cuisine.
Deux pavillons symétriques ont deux ailes disposées en équerre aux deux angles postérieures d’un carré dont l’hôpital occupe le milieu. ces pavillons sont limités à un étage pour la commodité des malades. Chacun peut accueillir 54 lits en dortoirs et une chambre d’isolement à 1 lit ce qui représente 110 lits supplémentaires. Chaque pavillon comprend en plus des cabinets d’aisance, une pièce pour la toilette des enfants à chaque étage, une salle servant de préau, 2 chambres pour le personnel.

Les anciens bâtiments vétustes sont également restaurés et un égout pour l’écoulement des eaux ménagères est installé. Le service des bains est désormais équipé de douches pour les soins hydrothérapiques et la buanderie d’une cuve à vapeur (autoclave) (système Vaillard et Besson) pour désinfecter le linge des enfants atteints de maladies contagieuses. Ils sont alimentés par l’eau de source légèrement ferrugineuse située dans la fondation Riboutté- Vitalis, est refoulée dans les réservoirs de l’hôpital par une machine à vapeur de 3 CV.

Les écoles devenant trop petites pour accueillir les malades supplémentaires, on transforme la chapelle. Elle devient l’école pour les garçons et les filles. La mixité n’existant pas encore, les cours sont donnés à des heures différentes pour les uns et les autres : la classe a lieu pour les garçons de 8h30 à 11h et pour les filles de 2 à 4h30.

En 1905, l’A.P. agrandit une fois encore l’hôpital en construisant une maison de convalescence modèle pour ses infirmières. On accueille encore des enfants scrofuleux, l’hôpital reçoit de plus en plus d’anémiques et d’enfants cardiaques. Après 1920, l’établissement devient surtout une maison de convalescence pour les enfants.

Après la guerre de 1939-1945, on ne parle plus d’enfants scrofuleux et l’établissement est définitivement affecté aux enfants convalescents d’affections médicales ou chirurgicales, traités dans différents services parisiens.

En 1953, on ouvre un service orthopédique , annexe du service du docteur Petit de St Vincent de Paul de Paris.
Le service médical subsiste jusqu’en 1968, date à laquelle l’A.P. change la destinations de l’établissement et le transforme en centre d’accueil de la DASS.