Les soins hydrothérapiques

Les premières guérisons furent constatées sur des enfants ayant pris des bains froids dans les bassins soit de l'établissement "thermal" soit dans celui de l'établissement Vuitel.

En 1841, la maison Fromant accueille 20 malades très atteints. Le traitement auquel ils sont soumis, consiste généralement en lotions journalières des parties malades faites à froid avec l’eau de la source principale qui alimente toute la maison ; en bains tièdes ou froids pris chaque jour dans des baignoires ou dans le bassin, suivant la saison, l’âge ou l’état du malade. On a remarqué que les bains froids avaient plus d’action que les bains chauds. Les premiers se prennent en commun dans les bassins, quoique les enfants présentent, les uns des caries, des nécroses, les autres des engorgements ulcérés ou non. L’expérience a démontré que cette pratique n’a aucun inconvénient à raison du grand volume d’eau, fréquemment renouvelé.

Ces moyens sont puissamment secondés :
– par des pansements matin et soir de toutes les plaies, qui, après les lotions nécessaires, sont recouvertes par des emplâtres d’onguent Canet20 étendu sur de la toile.
– par un régime alimentaire très régulier ayant pour base principale des aliments tirés du règne animal et des légumes frais. Tous les aliments sont préparés ou cuits avec de l’eau de la source, qui sert également à couper le vin à chaque repas.

Des récréations et des promenades, à heure fixe, sont combinées de manière à alterner les heures de travail et d’étude pour les enfants qui peuvent s’y livrer. La plupart des malades couchent dans des chambres ou des dortoirs exposés au midi ou au levant. La durée moyenne du traitement est de 6 mois… Les avantages qu’on en retire sont plus rapides et plus certains pendant l’été à cause de l’usage quotidien des bains froids et des agréments de la campagne”.

Vers 1862, le Docteur Kozlowski, qui supervise les traitements hydrothérapiques de cet établissement, préconise de commencer par un verre d’eau à jeun le matin en se levant, et d’en augmenter le nombre jusqu’à 8 à 10 verres par jour. On évite d’en donner aux enfants le soir, à cause des inconvénients de la nuit pour cet âge. Pour lui la “médication employée est bien simple : de l’eau en boisson, de l’eau en bains, de l’eau en douche, rien que de l’eau pas un seul médicament !”.
“Chaque jour le malade prend un bain d’une température variée et au moins d’une heure ; pendant ce temps la peau est légèrement frictionnée dans sa totalité jusqu’à ce que la rougeur arrive. Les doigts compriment les ganglions lymphatiques indurés, d’abord avec douceur, puis avec force, en cherchant à les détacher les uns des autres. Les plaies mêmes sont assez comprimées pour en faire sortir tout le pus qu’elles contiennent ; l’écoulement d’un peu de sang ne doit pas effrayer et faire suspendre cette espèce de massage ; des injections brusques d’eau froide dans les plaies et dans les trajets fistuleux, en les lavant profondément, leur donne bientôt un aspect différent. Dans les premiers jours du traitement, il n’est pas rare de voir apparaître un peu de fièvre. Il faut alors diminuer, voire suspendre l’administration des eaux pendant quelques jours”.

Pour le docteur Wertheim, “la méthode hydrothérapique se compose de l’emploi simultané, successif, alternatif ou isolé, des différents procédés tels que lotions générales ou partielles, frictions sèches ou humides , douches locales ou générales, ascendantes, descendantes, horizontales, bains de siège à eau courante, bains de pluie, d’immersions en cuve, bains d’enveloppe, transpiration à sec, en linge mouillé ou en étuve”.

Les traitements donnés aux enfants de l’hôpital diffèrent car jusqu’en 1880, il n’y a pas de douches seulement des baignoires.
Les bains sont donnés chaque jour, dans la matinée aux filles, l’après midi aux garçons. On y accorde tant d’importance que la maison dispose d’une petite voiture à bras pour y transporter les enfants impotents.
La durée de l’immersion est de 20 à 30 mn. En hiver, les bains sont pris en baignoire mais dès que la température de l’eau atteint 16 à 18 degrés, les malades barbotent dans la piscine, de 120m de superficie, où on leur apprend à nager. On est loin des procédés de l’établissement Fromant.
On peut penser que la guérison et l’amélioration de l’état des malades sont liées à de meilleures conditions de vie .
Les enfants reçoivent une nourriture tonique et réparatrice : ils ne restent sans manger de viande qu’un seul jour, le vendredi saint “comme les soldats”. “La grande punition pour infraction grave consiste à retrancher au dîner le plat de légumes et à le remplacer par une plus grande quantité de viande, mais c’est là une peine bien sévère rarement appliquée”. La nature 1876…

Autre moyen considéré comme thérapeutique, la gymnastique qui est pratiquée chaque jour. Le sommeil étant réparateur, les enfants sont couchés avec le soleil à 8 heures en été et à 4 heures en hiver. “C’est un peu tôt, mais les bambins n’ayant pas d’horloge, leurs paupières en s’appesantissant leur prouvent que c’est bien le moment du repos” (la nature).
Après l’agrandissement de l’hôpital , les enfants bénéficient de douches et les traitements évoluent. En plus des bains simples on leur donne des bains sulfureux et des bains d’amidon.

Quelle est l’efficacité de ces soins ?
Le Dr Tardieu en 1862, indique que si les eaux de Forges ont une action réelle, c’est sous la forme de bains et en particulier dans les bassins de balnéation. Dans les pièces d’eau, l’eau qui a perdu sa transparence, tient en suspension une mixture grasse, comme onctueuse qui s’attache à la peau et aux vêtements. Lorsque les eaux des bassins sont très chargées, les baigneurs accusent de la cuisson au niveau des ulcères et des picotements dans les yeux. A la suite d’un certain nombre de bains, on voit survenir dans les caries osseuses une inflammation éliminatrice et des charnus se développer sur les ulcères.

Ces effets sont d’autant plus accusés que les eaux sont moins transparentes.
Le médecin qui dirige le service aux bains de Forges a remarqué, en 1855, que le bassin servant aux bains de l’hôpital, ayant été curé à vif, les guérisons furent plus rares tant que l’eau resta claire et limpide.
Certes les eaux de Forges ne sont pas efficaces pour tous les scrofuleux. Le Dr Kozlowski promet “une guérison complète aux chlorotiques, aux personnes chez lesquelles le sang est pauvre et en petite quantité, aux porteurs d’ulcères, à celles qui ont des ophtalmies simples ou scrofuleuses. Mais aux personnes disposées à l’apoplexie, je dirais ne suivez pas le traitement il vous serait nuisible, je dirais également aux phtisiques avancés, ne venez pas à Forges les Bains vous y péririez bien vite”.
Il faudrait développer la recherche par des analyses statistiques des malades scrofuleux, d’après les archives de l’A.P., pour estimer l’efficacité des eaux par rapport aux traitements utilisés à Paris qui consistaient en huile de foie de morue, iode, brome , fer ,quinquina, gentiane…