Les maladies

Il est extrêmement difficile de calculer le nombre de malades ayant bénéficié de traitement à Forges.
En effet, il faut attendre la circulaire ministérielle du 2 décembre 1862 relative aux établissements thermaux, qui demande l’état des recettes et des dépenses des exploitations, pour trouver quelques renseignements quant à la fréquentation des bains. L’établissement Fromant reçoit, d’après les rapports de différents médecins, entre 20 et 40 pensionnaires et signe un certain nombre de malades logés chez l’habitant.

  • En 1856, le maire signale que 150 personnes sont soignées à Forges.
  • En 1857 la maison Fromant a reçu 60 pensionnaires et plus de 50 personnes hébergées dans la ville pour les bains.
  • En 1863, on passe à 90 pensionnaires et plus de 100 baigneurs.
  • L’année suivante, la directrice Mme Courty indique qu’elle a admis 170 pensionnaires pendant la saison auxquels il a été donné 1260 bains chauds et 1120 bains froids et douches. 130 personnes hébergées chez l’habitant ont reçu 1510 bains chauds payants et 590 bains froids et douches. En 1875 elle a dispensé 1184 bains chauds, 557 bains froids et 297 douches ce qui est moins qu’avant. Par contre elle a expédié 300 bouteilles d’eau.

L’établissement Raymond reçoit chaque année 25 pensionnaires auxquels il donne 800 à 1000 bains 250 à 300 bains en piscine et près de 300 douches.

  • Vers 1880, les deux établissements ont reçu 240 malades payants et leur ont dispensé 2100 bains chauds, 800 bains en piscine et 600 douches ; mais Mme Courty a expédié 450 bouteilles d’eau. C’est donc le début d’une exploitation d’eau en bouteille. celle-ci va se développer après 1890, date à laquelle le propriétaire MR Thomsas négociant à Paris, ferme l’établissement de Mme Courty qu’il estime insuffisamment rentable. En effet la fréquentation bien que constante reste relativement faible et est soumise aux aléas du temps. Comment peut-on expliquer le peu de développement de la station balnéaire, pourtant souhaité par la municipalité et la population qui bénéficie de cet apport économique ?

En premier lieu ces établissements n’accueillent que des pensionnaires payants, leur fréquentation est donc réservée à une clientèle aisée. Même pour les baigneurs, le forfait mensuel des bains de 50 F par mois est élevé. A partir de 1865, le tarif n’est plus calculé au forfait mensuel mais au soin : 1F pour un bain chaud ou une douche chaude ou froide ; 1F la douche ascendante, 1F le bain de siège avec douche, 0,75F le bain froid dans le lac, 0,20 F le peignoir et 0,10 F la serviette. Quant on sait qu’à cette époque le salaire moyen d’un ouvrier était de 2,5 F à 3F par jour on comprend que seule une clientèle bourgeoise pouvait en bénéficier.

Autre handicap, le manque de moyen de communication pour Forges . Jusqu’à l’ouverture du premier tronçon de la ligne de Sceaux en 1846, le transport des curistes était assuré de Paris jusqu’à l’établissement de bains deux fois par jour par des voitures à cheval. En 1860, une publicité indique que le chemin de fer de Sceaux fait le service de Paris à Forges par Orsay ; les départs ont lieu en été tous les jours à 8 h du matin et à 6 h du soir de la gare d’Orsay.

  • A partir de 1867, date d’ouverture du tronçon Saint-rémy –Limours, une correspondance gratuite est assurée entre la gare de Limours et Forges ; le transport est assuré par un omnibus à cheval qui en 20 minutes amène les touristes à Forges. cependant le prix du train est élevé : 1ere classe 4,95 F l’aller, 2ème classe 3,65 F et 3ème classe 2,65F.
    Dans son rapport25, le Dr Bourneville signale au Conseil municipal de Paris que le prix du transport limite les visites des parents des malades de l’hôpital. Pour 110 enfants, la moyenne est de 10 visites par mois. Le Conseil invite l’administration de l’A.P. à faire auprès de la compagnie du chemin de fer d’Orléans, les démarches nécessaires pour obtenir une réduction du prix des places pour les parents venant à l’hôpital. L a Compagnie accordera aux parents de ne payer qu’un trajet pour l’aller-retour à Limours. On peut comprendre que la fréquentation des bains ait été limitée en raison des coûts divers entraînés par un séjour à Forges.
    Il est beaucoup plus facile d’estimer le nombre d’enfants soigné à l’hôpital.
  • En 1854-55-56, pendant la période d’essai thérapeutique, l’hôpital des enfants malades a envoyé à Forges 134 enfants. Il en est revenu 89 sur lesquels 45 complètement guéris et 44 notamment améliorés. la durée moyenne du séjour est de 349 journées.
  • A partir de 1859, ce sont 110 enfants qui fréquent l’hôpital tout au long de l’année.
  • Entre 1861 et 1866 on compte beaucoup de décès.
  • Entre 1875 et 1879 ; sur les 110 malades on ne compte que 3 décès par an.
  • A partir de 1880, il y a en moyenne 220 enfants. Il leur est donné 15000 bains chauds savoir 1400 bains sulfureux, 1800 bains d’amidon, 11800 bains simples et 1500 douches. Dans les infirmeries on donne environ 1000 bains par an . En moyenne les enfants reçoivent donc 79 à 80 soins par an.
  • En 1882, 425 enfants séjournent à l’hôpital
  • En 1898 ils sont 205 en début d’année et 199 au 31 décembre, ce qui correspond à 69890 journées de malades soit une moyenne de 191 toute l’année. Les traitements paraissent plus efficaces puisqu’à la fin du siècle, la mortalité des enfants tombe à 1 sur 143 et la durée des séjours descend à 162 jours.
  • Après 1900, le traitement des scrofuleux est progressivement abandonné ; on peut penser que de meilleures conditions de vie et d’hygiène entraînent une régression de cette maladie.
  • A partir de 1920, l’hôpital n’accueille plus de scrofuleux mais uniquement des convalescents chirurgicaux.
  • Depuis 1968, il a perdu sa vocation d’établissement médical et est transformé en centre d’accueil de la DASS.

Les traitements hydrothérapiques pour les non scrofuleux furent-ils encore appliqués après 1920 ?
Une recherche dans les archives de l’A.P. permettrait de répondre… !