Les Eaux

Forges est situé dans une vallée peu profonde, bordée au nord par une colline couverte de bois et donc abritée des vents froids. A cause des ondulations du sol et de sa position inférieure à plusieurs plateaux, on y trouve un grand nombre de sources d’un débit assez important, ½ l par seconde.

D’après la géologie, le sol est constitué de haut en bas de 2 mètres de meulière, de 25 m de sables et grés de Fontainebleau reposant sur des argiles rouges et bleues d’une épaisseur de 6 m. Cette constitution du sol où se rencontre peu de matières solubles dans l’eau, laisse à penser que les eaux des sources seront peu minéralisées.
L’eau des fontaines, servant à la boisson et aux usages domestiques, est froide, limpide, légère, agréable à boire et n’a aucune saveur particulière.

“Physiquement, elle n’offre pas un aspect différent de celle de beaucoup de localités. Cependant, si on l’observe quand elle est renfermée dans un grand réservoir, elle paraît “louche”, ne laisse pas voir le fond et a la singulière propriété d’y empêcher la végétation”.

L’eau laisse un léger dépôt ocre et même parfois rouge sur la terre et colore légèrement les cailloux.
D’après le docteur Patissier, l’eau des sources cuit bien les légumes et dissout parfaitement le savon, sauf celle de la source Vuitel qui “caillebotte” le savon et ne cuit pas bien les légumes.

A partir de 1841, de nombreuses analyses sont réalisées par des chimistes à la demande du ministère de l’Intérieur. “Tous les résultats concordent et montrent la présence de carbonates terreux tenus en solution par un certain excès d’acide carbonique, des sulfates de chaux et de soude, des chlorures de sodium, de magnésium et de calcium, des indices de fer, des silicates et une substance organique brune assez abondante”.

La composition montre un chiffre peu élevé de principes minéralisateurs.
En 1842, le Dr Patissier signale “qu’un des chimistes a voulu comparer les eaux de la Seine avec celle de Forges ; or 15 litres d’eau de Seine prise au-dessous du pont d’Iéna, ont donné 2,613 g de matières solides et 15 litres d’eau de Forges 2,75 g. Il en résulte que cette dernière est à peu près aussi pure que l’eau de la Seine à sa sortie de Paris”. Il faut espérer que cette remarque portait uniquement sur la composition chimique et non sur l’analyse bactériologique !

La Commission des Eaux Minérales constate que les bassins dans lesquels se rendent les eaux, sont creusés dans un terrain tourbeux ; les eaux d’infiltration doivent donc se charger d’une certaine quantité de matière organique qui dissout de l’oxyde de fer dans ces terrains. Cette matière organique est soluble dans l’eau et dans l’alcool, riche en carbonate, elle manque d’azote et dans les réactions chimiques, elle semble jouer le rôle d’acide.

Jusqu’au classement des eaux en 1862, la grande interrogation soulevée par les médecins était de comprendre comment une eau aussi peu minéralisée pouvait avoir des vertus curatives. D’aucuns pensaient que seuls la qualité de l’air, l’exercice physique, une nourriture abondante et de bonnes conditions d’hygiène expliquaient la guérison des scrofuleux, l’action de l’eau étant négligeable. Comme le Dr Tardieu, d’autres estiment que “la question n’est pas de savoir si l’eau de Forges guérit la scrofule, mais si cette eau est utile dans le traitement de cette maladie, ce qui est bien différent”. Etait-ce le cas ?